La présente publication s’inscrit dans une série de six textes dont les quatre premiers ont paru en juin, juillet et août 2022 et mars 2023, qui sont rendus possibles grâce au financement du Gouvernement du Québec.
Ce texte abordera les étapes suivantes du processus d’intégration des personnes immigrantes, soit la prise de conscience, l’acceptation et l’adaptation. Ces étapes ont été présentées dans l’atelier de sensibilisation dédié aux propriétaires d’habitations locatives, identifiées respectivement par des noms fictifs, soit Jesuis Déstabilisé, Jaccepte Mieux et Jadapte. De plus, elles sont associées à certains personnages cités dans les articles précédents.
Madame Jefuis Encourant, a quitté son pays natal précipitamment parce qu’elle craignait pour sa vie et celle de ses trois enfants. Étant avocate de formation, elle a saisi rapidement tous les obstacles à franchir pour régulariser sa situation, dont le principal est la préparation à l’audience devant la Commission de l’Immigration et du Statut de réfugié (CISR). Le SANC l’a aidée dans sa recherche de logement et dans sa compréhension du processus d’immigration. Il l’a aussi référée au Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (PRAIDA) afin d’obtenir d’autres services. Le mandat officiel du PRAIDA est défini par une entente entre le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’intégration (MIFI) et le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MSSS) pour répondre aux besoins de demandeurs d’asile sur le territoire du Québec.
Sans être exhaustif, voici quelques défis que Jefuis Encourant a dû affronter depuis son arrivée :
• Trouver un appartement 5 ½ pour résider avec sa famille. L’agent de soutien à l’installation du SANC a aidé le propriétaire à établir l’identité de Jefuis Encourant et lui a expliqué l’assistance financière auquel celle-ci avait droit pour couvrir ses dépenses essentielles, incluant le paiement du loyer. Cependant, le comportement de Jefuis Encourant et ses habitudes de paiement ne pouvaient pas être vérifiés étant donné le peu de temps vécu au Québec. Son propriétaire a fait preuve de confiance et de compassion dans cette relation d’affaires.
• Compléter tous les documents nécessaires à sa demande d’asile au Canada sans connaître ni le français ni l’anglais.
• Trouver un avocat pour l’accompagner, entre autres, dans ses démarches d’immigration.
• Se déplacer à Montréal à plusieurs reprises, et ce, avec ces trois enfants, pour remplir certaines exigences d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), notamment celle de passer l’examen médical.
• Trouver à Sherbrooke des services scolaires adaptés pour son fils atteint du Syndrome de Down.
• Apprendre le français afin de pouvoir communiquer par elle-même.
La sœur de Jefuis, qui habitait déjà ici, l’a aidée dans son installation. Cependant, malgré sa détermination, Jefuis Encourant était parfois découragée devant toutes les démarches à faire, et ce, sans aucune garantie d’être reconnue en tant que réfugiée ou personne à protéger. Lorsqu’elle a pris conscience de sa nouvelle condition, elle s’est sentie déstabilisée, souvent frustrée, stressée et angoissée. À ce stade-ci, elle voyait tous les obstacles à franchir comme une grande montagne quasiment impossible à traverser. C’est l’étape de la prise de conscience.
De son côté, Travaillant Partemps, un jeune travailleur originaire d’une île immense, un pays situé au large de la côte sud-est de l’Afrique a composé avec d’autres défis pendant l’étape de la prise de conscience. Par exemple, le délai avant l’arrivée de sa femme et ses quatre enfants s’est prolongé, provoquant des difficultés à bien dormir, du stress, et de la tristesse d’être séparé de sa famille. Il vivait aussi de l’angoisse face à son travail. Il s’est vite rendu compte que sa connaissance de l’anglais ne lui suffisait pas pour comprendre tous les clients qui lui parlaient en français, ni pour communiquer aisément avec le concierge.
Avec le temps et l’aide du SANC et des gouvernements fédéral et provincial et des différentes ressources, Jefuis Encourant et Travaillant Partemps ont commencé à mieux saisir leur nouvelle condition. Ils ont participé à des activités dans leur quartier, à des séances d’information collectives du SANC sur des sujets tels que le réseautage et les impôts. Ils sont passés d’une attitude de confrontation à l’acceptation et ont modifié leurs attentes à leurs parcours et lâché prie sur ce qui ne relevait pas de leur pouvoir; Jefuis Encourant sur le verdict de la CISR, et Travaillant Partemps, par rapport aux délais pour faire venir sa famille. Tous les deux ont commencé à ressentir de nouvelles motivations. Par exemple, Jefuis Encourant s’est inscrite à des cours de français. De plus, la réussite scolaire de ses enfants lui donnait de l’espoir. De son côté, Travaillant Partemps a décidé de se concentrer sur son intégration et son rendement au travail. Son employeur l’a aidé avec son inscription à des cours de français à temps partiel, et le SANC l’a référé au CIUSSS de l’Estrie-CHUS pour consulter à propos de ses problèmes de santé.
Enfin, l’acceptation a laissé place à l’adaptation. Autant Jefuis Encourant que Travaillant Partemps se sont mobilisés pour réussir leur projet d’immigration. Ils se sont dévoués à l’apprentissage du français. Cela leur a permis de se construire un nouveau réseau d’amis. Travaillant Partemps a aussi participé au programme de Jumelage interculturel proposé par le SANC.
Dans cette étape d’adaptation, Jefuis Encourant et Travaillant Partemps voient les choses différemment. Ils comprennent de plus en plus le fonctionnement de la société québécoise. Ils bâtissent une bonne relation avec leur propriétaire, ils connaissent les règles de vie dans leur immeuble. Ils souhaitent apporter des changements dans leur existence. Cependant, ils demeurent conscients qu’ils ne maîtrisent pas tout de leur nouvel environnement et qu’ils doivent poursuivre leurs efforts d’intégration. De leur côté, les propriétaires respectifs font preuve d’intérêt pour mieux comprendre leurs situations et pour découvrir leur culture. Ils profitent des moments où ils viennent chercher le paiement de loyer ou effectuer des travaux de réparation ou d’entretien pour prendre le temps de discuter sur leur vie au Québec, tout en leur faisant pratiquer leur français. Le prochain article exposera les dernières étapes du processus d’intégration.
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