La Banque du Canada a annoncé aujourd’hui qu’elle maintient le taux cible du financement à un jour à ¼ %, qu’elle considère comme sa valeur plancher. Le taux officiel d’escompte demeure donc à ½ %, et le taux de rémunération des dépôts, à ¼ %. La Banque a également annoncé de nouvelles mesures pour soutenir davantage le système financier canadien.
Les efforts nécessaires pour contenir la pandémie de COVID-19 ont causé une contraction soudaine et profonde de l’activité économique et de l’emploi partout dans le monde. Sur les marchés financiers, cette situation a provoqué une ruée vers les valeurs sûres, et la réévaluation marquée d’un vaste éventail d’actifs. Elle a aussi poussé à la baisse les prix des produits de base, en particulier le pétrole. Dans ce contexte, le dollar canadien s’est déprécié depuis janvier, mais moins que beaucoup d’autres monnaies. L’arrêt soudain de l’activité mondiale sera suivi de reprises régionales à différents moments, selon la durée et la gravité de l’épidémie dans chaque région. Par conséquent, la reprise économique mondiale, lorsqu’elle viendra, pourrait être prolongée et inégale.
L’économie canadienne était en bonne posture avant l’épidémie de COVID-19, mais depuis, elle a été frappée par des fermetures généralisées et une baisse des prix du pétrole. L’une des premières mesures de l’ampleur des dommages a été une chute sans précédent de l’emploi en mars, avec la perte de plus d’un million d’emplois au pays. Un nombre encore plus grand de travailleurs ont signalé une réduction de leurs heures, et au début d’avril, environ six millions de Canadiens avaient demandé la Prestation canadienne d’urgence.
Les perspectives sont trop incertaines en ce moment pour fournir une prévision complète. Cependant, l’analyse de différents scénarios faite par la Banque donne à penser que le niveau de l’activité réelle a diminué de 1 à 3 % au premier trimestre de 2020, et qu’il sera de 15 à 30 % plus bas au deuxième trimestre qu’au quatrième trimestre de 2019. L’inflation mesurée par l’IPC devrait avoisiner 0 % au deuxième trimestre de 2020, ce qui s’explique surtout par les effets transitoires de la baisse des prix de l’essence.
La contraction engendrée par la pandémie a entraîné la prise de mesures de politique fermes pour épauler les particuliers et les entreprises et pour préparer le terrain en vue de la reprise économique une fois que les mesures de confinement commenceront à être assouplies. Les programmes budgétaires, conçus pour s’accroître selon l’ampleur du choc, aideront les particuliers et les entreprises à traverser cette phase de fermetures liées à la pandémie et appuieront les revenus et la confiance jusqu’à la reprise. À ces programmes se sont ajoutées les actions menées par d’autres organismes fédéraux et les provinces.
Pour sa part, la Banque du Canada a pris des mesures pour améliorer le fonctionnement des marchés de manière à ce que les mesures de politique monétaire aient l’effet voulu sur l’économie. Cela contribue à ce que les ménages et les entreprises continuent d’avoir accès au crédit dont ils ont besoin pour traverser cette période difficile, et à ce que les taux d’intérêt plus bas parviennent jusqu’aux emprunteurs ultimes. La Banque a abaissé le taux cible du financement à un jour de 150 points de base au cours des trois dernières semaines, pour l’établir à sa valeur plancher. Elle a aussi effectué des opérations de prêt destinées aux institutions financières et des achats d’actifs sur les marchés de financement essentiels totalisant environ 200 milliards de dollars.
Ces actions ont eu pour effet d’atténuer le dysfonctionnement des marchés et de contribuer à maintenir les canaux du crédit ouverts, bien que ceux-ci restent tendus. Le prochain défi pour les marchés sera de gérer la demande accrue de financement à court terme provenant des gouvernements fédéral et provinciaux ainsi que des entreprises et des ménages. Cette situation nécessite des actions particulières de la banque centrale. C’est pourquoi la Banque intensifie ses efforts en prenant plusieurs mesures importantes.
Dans le cadre de son programme annoncé précédemment, la Banque continuera d’acheter au moins 5 milliards de dollars de titres du gouvernement du Canada par semaine sur le marché secondaire, et augmentera le niveau des achats au besoin pour maintenir le bon fonctionnement du marché des obligations d’État. De plus, elle augmente temporairement la quantité de bons du Trésor qu’elle acquiert aux adjudications pour la porter à 40 %, et ce, dès maintenant.
La Banque a aussi annoncé aujourd’hui l’élaboration d’un nouveau Programme d’achat d’obligations provinciales d’une taille maximale de 50 milliards de dollars, pour compléter son Programme d’achat de titres provinciaux sur les marchés monétaires. Par ailleurs, elle a annoncé un nouveau Programme d’achat d’obligations de sociétés, dans le cadre duquel elle achètera jusqu’à un total de 10 milliards de dollars d’obligations de sociétés de qualité sur le marché secondaire. Ces deux programmes seront mis en place dans les semaines à venir. Enfin, la Banque élargit encore son mécanisme de prise en pension à plus d’un jour afin de permettre un financement sur une période pouvant atteindre 24 mois.
Ces mesures contribueront ensemble à soulager davantage la pression sur les emprunteurs canadiens. Lorsque les restrictions de confinement seront assouplies et que l’activité économique reprendra, les mesures de politique budgétaire et monétaire aideront à soutenir la confiance et à stimuler les dépenses des consommateurs et des entreprises de façon à rétablir la croissance. Le Conseil de direction se tient prêt à ajuster l’ampleur ou la durée des programmes de la Banque si nécessaire. Toutes les actions de la Banque visent à aider à traverser la période de confinement actuelle et à créer les conditions d’une reprise durable et de l’atteinte de la cible d’inflation au fil du temps.