La Banque du Canada a annoncé aujourd’hui qu’elle maintient le taux cible du financement à un jour à 1/2 %. Le taux officiel d’escompte demeure à 3/4 %, et le taux de rémunération des dépôts, à 1/4 %.
La croissance de l’économie mondiale devrait se raffermir graduellement et passer d’environ 3 % en 2016 à 3 1/2 % en 2017-2018; ces perspectives sont plus faibles que celles présentées par la Banque dans le Rapport sur la politique monétaire (RPM) de janvier. Après avoir progressé lentement au début de 2016, l’économie américaine devrait regagner en vigueur, mais afficher un profil d’évolution plus bas et une composition moins favorable aux exportations canadiennes. Les conditions financières se sont améliorées, en raison en partie des attentes d’une nouvelle détente monétaire dans certaines grandes économies.
Les prix du pétrole et d’autres produits de base ont remonté par rapport aux creux touchés précédemment et se situent à des niveaux légèrement supérieurs à ceux postulés par la Banque en janvier, mais ils demeurent bien en deçà des moyennes historiques. Néanmoins, la Banque s’attend à une réduction plus prononcée que prévu en janvier des investissements dans le secteur canadien de l’énergie. Parallèlement, le dollar canadien s’est apprécié face à l’évolution des attentes quant à l’orientation de la politique monétaire au Canada et aux États-Unis, ainsi qu’à l’augmentation récente des prix des produits de base.
Les ajustements structurels complexes que l’économie canadienne continue d’opérer face au choc des prix du pétrole brideront la croissance tout au long de la période de projection de la Banque. La progression du PIB au premier trimestre semble avoir fait montre d’une vigueur inattendue, mais cette vigueur tient en partie à des facteurs temporaires, et ce mouvement devrait s’inverser au deuxième trimestre. Quoi qu’il en soit, il semble que les forces positives à l’œuvre au sein de l’économie commencent à l’emporter sur les forces négatives. Les exportations hors ressources devraient se redresser, mais leur profil d’évolution est plus bas que prévu précédemment, à cause entre autres d’une croissance plus lente de la demande étrangère et du niveau plus élevé du dollar canadien. L’économie continue de créer de nouveaux emplois, en chiffres nets, surtout dans le secteur des services, malgré les pertes d’emplois dans les régions tributaires des ressources. Dans ce contexte, les dépenses des ménages poursuivent leur progression à un rythme modéré. Alors que les investissements des entreprises reculent encore sous l’influence du fléchissement marqué observé dans le secteur de l’énergie, leur croissance devrait redevenir positive plus tard cette année. Le processus d’ajustement complexe occupe une place importante dans l’évaluation annuelle du potentiel de l’économie réalisée par la Banque, ce qui a amené cette dernière à abaisser sa fourchette d’estimations pour la croissance de la production potentielle.
Toutes ces évolutions économiques à l’échelle internationale et nationale auraient eu pour effet une légère révision à la baisse des perspectives de la Banque. Toutefois, les mesures budgétaires annoncées dans le budget fédéral en mars dernier auront une incidence positive appréciable sur le PIB. La Banque prévoit maintenant que la croissance du PIB réel s’établira à 1,7 % en 2016, à 2,3 % en 2017 et à 2,0 % en 2018. Ce nouveau profil de croissance, ainsi que l’estimation révisée de la production potentielle, donne à penser que l’écart de production pourrait se résorber un peu plus tôt qu’elle ne l’avait anticipé en janvier, soit probablement au deuxième semestre de 2017.
L’inflation au Canada continue à évoluer essentiellement comme la Banque l’avait prévu. L’inflation mesurée par l’IPC global s’établit en deçà de la cible de 2 % et elle diminuera vraisemblablement encore un peu avant de remonter à 2 %, à mesure que les effets de la transmission des variations du taux de change et du recul des prix des produits énergétiques de consommation s’estomperont et que les capacités excédentaires dans l’économie s’amenuiseront. Les mesures de l’inflation fondamentale avoisinent 2 % et continuent de refléter les influences, qui se compensent mutuellement, de la dépréciation passée du taux de change et des capacités excédentaires.
Tout bien considéré, les risques liés au profil de l’inflation sont relativement équilibrés. Parallèlement, les vulnérabilités financières continuent de s’accentuer légèrement, en raison en partie des déplacements de l’activité entre les régions associés à l’ajustement structurel en cours au sein de l’économie canadienne. Le Conseil de direction de la Banque estime que, dans l’ensemble, la résultante des risques demeure dans la zone pour laquelle la politique monétaire actuelle est appropriée, et le taux cible du financement à un jour reste à 1/2 %.