L'indice Scotia des prix des produits de base a affiché une nouvelle augmentation record en janvier 2008, bondissant de 4,5 pour cent d'un mois sur l'autre et de 20,2 pour cent comparativement à la même période il y a un an.
"Même si le ralentissement lié à la crise des prêts hypothécaires à risque continuera de faire baisser les prix des matériaux de construction, l'équilibre de l'offre et de la demande à l'échelle mondiale pour nombre de produits de base demeure serré", a déclaré Patricia Mohr, vice-présidente, Etudes économiques et spécialiste des marchés des produits de base. "Cela reflète en partie la forte demande provenant des marchés émergents et les interruptions d'approvisionnement."
Le pétrole, la potasse, le blé et l'or ont tous atteints de nouveaux sommets en janvier. L'indice des produits agricoles a été le meneur, s'élevant à des niveaux sans précédent, soit en hausse de 56,7 pour cent d'une année sur l'autre. L'indice des produits industriels (pétrole et gaz naturel, métaux et minéraux et produits forestiers) a aussi augmenté considérablement.
Les prix du pétrole West Texas Intermediate (WTI), demeurent exceptionnellement élevés, quoique volatils. Les prix ont progressé d'une moyenne de 91,74 $ US en décembre pour atteindre 92,93 $ US en janvier (passant de 100,09 $ US au cours de la journée, à son niveau le plus élevé, à 92,93 $ US à son niveau le plus bas le 23 janvier). Le 19 février, le cours Nymex du pétrole a clôturé pour la première fois au-dessus de la barre des 100 $ US, niveau maintenu le lendemain. La moyenne du mois à ce jour est de 93,18 $ US.
"Nous prévoyons que les prix WTI, à 90,4 $ US en 2008 et, au minimum, 85 $ US, sinon 90 $ US, en 2009, demeureront dans la tranche supérieure des cours du consensus des analystes", selon Mme Mohr. "La récente flambée des prix du
pétrole reflète la probabilité que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décide de baisser sa production à la réunion prévue le 5 mars, si les cours ou la demande reculent de façon importante en raison du ralentissement de l'économie américaine. Il est normal que le cartel baisse quelque peu sa production au trimestre printanier lorsque la demande est réduite."
"L'OPEP semble être bien aux commandes, compte tenu de la lenteur de mises en exploitation de nouveaux champs pétrolifères dans les régions hors de l'OPEP", ajoute Mme Mohr. "Le cartel voudrait éviter une répétition de son erreur à la fin des années 1990, lorsqu'il avait haussé sa production tout juste avant le début de la crise de change asiatique en 1998, provoquant ainsi une chute à 10 $ US."
Les risques géopolitiques d'approvisionnement toujours présents sont aussi à la base des prix. Le Venezuela a suspendu ses ventes de pétrole à ExxonMobil en raison d'une dispute portant sur la compensation pour la nationalisation l'année dernière des sables bitumineux de l'Orénoque. Signalons qu'il s'agit de volumes peu élevés, soit 90 000 barils par jour, eu égard à la consommation américaine de pétrole qui s'élève à 21,2 millions de barils par jour. La crainte de l'inflation énergétique et alimentaire a attiré de nouveaux investissements visant les produits de base vers la fin février.
L'indice des métaux et des minéraux, qui avait reculé en décembre, a connu une forte reprise en janvier. Les prix de la potasse et du soufre, les minéraux entrant dans la production d'engrais, continuent de caracoler d'un record à l'autre. Dans un contexte de faiblesse du billet vert, l'or (prix à ,Londres en après-midi) a atteint de nouveaux sommets, d'abord le 30 janvier à 929,40 $ US l'once et encore le 21 février, à 945 $ US. Les métaux de base ont rebondi dans l'ensemble.
"Pour l'exercice financier 2008, nous avons révisé à la hausse notre prévision touchant les prix contractuels du charbon cokéfiable de qualité métallurgique supérieure de l'Ouest canadien négociés avec le Japon à au moins 185 $ US la tonne (FAB Vancouver)", a déclaré Mme Mohr. Les prix sont à 94 $ US. La raréfaction des stocks mondiaux de charbon cokéfiable déjà constatée à la fin de 2007 s'est fortement accentuée à la suite des pluies torrentielles au Queensland en Australie, provoquant des inondations de mines et la réduction de la production des principaux exploitants. Les prix du charbon thermique ont aussi monté en flèche en raison de la suspension pendant deux mois des exportations de la Chine, situation attribuable aux tempêtes de neige et des pannes de courant généralisées dans ce pays.
Seul l'indice des produits forestiers a reculé en janvier. Les prix du bois et des planches orientés ont reculé au-dessous du niveau des coûts de production moyens dans de nombreuses régions de l'Amérique du Nord, ce qui a contrebalancé les hausses de la pâte KBRN, du papier journal et du papier satiné A (en augmentation de 60 $ US la tonne).
Un emballement classique des prix du blé et de la canola se manifeste présentement. Le prix du blé de printemps foncé du Nord à Minneapolis, un blé à teneur protéique de 14 % qui détermine le cours vendeur à l'exportation du blé de grade no 1 établi par la Commission canadienne du blé, a monté en flèche en décembre, d'un niveau déjà rentable de 11,11 $ US le boisseau en décembre à un sommet remarquable de 19,73 $ US au 15 février, plus de trois fois le prix d'il y a un an, soit 5,51 $ US. La moyenne des prix pour la période de 2000 à 2007 a été de 4,69 $ US.
"Il est prévu que les stocks de blé de fin de campagne 2007-2008 au Canada chuteront à 4,9 millions de tonnes, soit un creux inégalé des temps modernes, à la suite de nombreuses années de piètres conditions de culture et de forte demande pour la produits d'aliments et d'éthanol à base de blé fourrager des Prairies", a expliqué Mme Mohr. "A la mi-février, la hausse des exportations américaines a provoqué au département américain de l'Agriculture une nouvelle baisse des prévisions des stocks de blé de fin de campagne aux Etats-Unis au niveau le plus faible depuis 1947-1948 et, pour ce qui a trait aux stocks mondiaux, au niveau le plus bas en 30 ans."
Le cours vendeur à l'exportation établi par la Commission canadienne pour le blé de grade no 1, à teneur protéique de 13,5 pour cent, a bondi de façon exceptionnelle à 798 $ CAN la tonne le 8 février et, dans les trois derniers mois, s'est maintenu bien au-dessus du sommet précédent de 416 $ CAN atteint le 24 mai 1996. La moyenne des prix des deux campagnes agricoles précédentes n'avait pas dépassé les 252 $ CAN. Il faut attribuer cette robustesse à la vigueur de la demande mondiale, après plusieurs années de sécheresse en Australie et des conditions de croissance sèches au Canada, en Ukraine et en Russie.
Il est probable que les prix du blé reculent légèrement ce printemps et cet été, mais avec l'arrivée de nouvelles disponibilités, on s'attend que les prix demeurent élevés pendant une assez longue période. Le département américain de l'Agriculture prévoit une raréfaction des stocks de blé et de céréales secondaires (céréales fourragères et riz) à la fin de 2007-2008 et que le rapport stock-utilisation mondial baisse à un creux historique de 14 pour cent.
Etudes économiques Scotia propose à sa clientèle une analyse approfondie des facteurs qui façonnent l'avenir du Canada et de l'économie mondiale, notamment l'évolution macroéconomique, les tendances des marchés de change et des capitaux, le rendement des produits de base et de l'industrie ainsi que les enjeux relatifs aux politiques monétaires, budgétaires et gouvernementales.