L'Association canadienne de l'immeuble (ACI) a révisé ses prévisions des ventes résidentielles qui seront réalisées par l'entremise des systèmes MLS® des chambres et associations immobilières canadiennes en 2018 et prolongé ses prévisions jusqu'en 2019.
Les indicateurs de base du marché de l'habitation demeurent favorables dans bon nombre de régions du pays. Cependant, les marchés du logement continuent d'être confrontés à des obstacles de nature politique.
On s'attendait à ce que les nouveaux règlements hypothécaires annoncés l'an passé poussent les acheteurs à anticiper leur décision d'achat avant l'entrée en vigueur des règlements en janvier, occasionnant ainsi une baisse du nombre de transactions au premier semestre de 2018. Les faits portent à croire que la réaction aux politiques a été plus forte que prévu, les ventes désaisonnalisées à l'échelle nationale en décembre ayant battu tous les records mensuels précédents, avant de chuter considérablement au cours des deux premiers mois de 2018.
Lorsque l'ACI a publié ses dernières prévisions, en décembre 2017, les marchés du logement étaient touchés par les mesures politiques provinciales instaurées en Colombie-Britannique et en Ontario, ainsi que par la simulation de crise lors de demandes de prêt hypothécaire accompagnées d'une mise de fonds inférieure à 20 %. La hausse des taux d'intérêt et l'annonce d'une simulation de crise pour les demandes de prêt hypothécaire ayant une mise de fonds de 20 % ou plus devant entrer en vigueur en janvier 2018 ont aussi influé sur les marchés du logement.
Depuis, d'autres mesures politiques provinciales ont été annoncées en vue de continuer à refroidir les marchés de la Colombie-Britannique. De plus, les taux d'intérêt ont augmenté de nouveau et on a vu l'entrée en vigueur de la simulation de crise pour les demandes de prêt hypothécaire avec mise de fonds de 20 % ou plus.
Plusieurs prévoient que les taux d'intérêt continueront d'augmenter cette année. En présence d'une hausse des taux d'intérêt, la simulation de crise devient un obstacle encore plus difficile à surmonter pour les acheteurs qui ont besoin de financement hypothécaire.
Il est probable que certains acheteurs s'abstiennent devant l'accroissement de l'incertitude au sein du marché de l'habitation, en vue de continuer à épargner pour augmenter leur mise de fonds avant l'achat. Ainsi, les ventes baisseront au premier semestre de 2018 pour rebondir légèrement au semestre suivant alors que l'incertitude s'estompe.
Compte tenu de ces facteurs, les prévisions en matière de ventes et de prix moyens à l'échelle du Canada ont été révisées à la baisse. En 2018, on prévoit que les ventes à l'échelle du pays chuteront de 7,1 %, pour atteindre 479 400 logements. Le recul s'explique par une baisse des ventes en Colombie-Britannique et en Ontario en présence d'une incertitude du marché de l'habitation accrue par les mesures politiques provinciales, le prix élevé des maisons, une offre toujours restreinte et un resserrement de la simulation de crise pour les prêts hypothécaires pendant que les taux d'intérêt augmentent.
Le prix moyen à l'échelle nationale devrait descendre à 498 100 $ cette année, soit une baisse de 2,3 % par rapport à 2017. Seule Terre-Neuve-et-Labrador devrait voir une diminution de cette ampleur, alors que la moitié des autres provinces devraient connaître des gains moyens. Le déclin du prix moyen à l'échelle du Canada témoigne bien d'une baisse du nombre de transactions en Colombie-Britannique et en Ontario, alors que les baisses de prix dans ces provinces s'expliquent par une diminution du nombre de ventes de maisons haut de gamme à Vancouver et à Toronto.
Le prix des maisons dans l'est de l'Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard devrait continuer à monter après plusieurs années de raffermissement des conditions du marché.
Entre-temps, pour la quatrième année d'affilée, on s'attend à ce que le prix des maisons reste sensiblement le même en Alberta et à ce qu'il diminue en Saskatchewan et à Terre-Neuve-et-Labrador. Dans les deux dernières provinces, l'offre demeure élevée par rapport à la demande.
En 2019, les ventes à l'échelle nationale devraient connaître un léger rebond pour atteindre 496 500, mais rester en deçà des niveaux enregistrés en 2015, 2016 et 2017. Le rebond provient d'une reprise partielle des ventes prévue au deuxième semestre de 2018 en Ontario et en Colombie-Britannique, reprise suivie d'un refroidissement graduel en 2019 alors que les ventes initialement reportées s'atténuent et que les taux d'intérêt continuent de monter. La tendance devrait aussi s'avérer pour d'autres provinces, mais on s'attend à ce qu'elle soit plus marquée en Colombie-Britannique et en Ontario, où les transactions ont grandement chuté au début de 2018, et ce, malgré un contexte économique et démographique favorable à la demande.
On s'attend également à ce que le prix moyen national rebondisse de 3,1 % pour atteindre 513 300 $ en 2019, ce qui le rend comparable à celui de 2017. L'augmentation s'explique par des gains modestes prévus dans un certain nombre de provinces et un rebondissement partiel des ventes en Colombie-Britannique et en Ontario.
De même, des hausses prévues pour 2019 en Colombie-Britannique et en Ontario s'appuient sur une amélioration prévue des ventes à Vancouver et à Toronto et sur un maintien de la pénurie de l'offre de logements dans ces provinces. Puisque les conditions du marché continuent de se raffermir au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard, ces provinces devraient connaître d'autres augmentations modestes des prix en 2019. Pour leur part, les prix en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba et à Terre-Neuve-et-Labrador devraient rester sensiblement stables de 2018 à 2019.